Exposition aux émanations des algues sargasses échouées : l’Anses réitère et complète ses recommandations

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News of 24/04/2017

L’Anses a été saisie en 2015 pour la réalisation d’une expertise relative aux émanations issues d’algues sargasses en décomposition. En mars 2016, l’Agence recommandait de mettre en œuvre des mesures pour protéger le public et les travailleurs chargés du ramassage, du transport et du traitement des algues sargasses, des expositions au sulfure d’hydrogène (H2S) produit lors de leur décomposition. La mise à jour de cette expertise, complétée par une actualisation du profil toxicologique du H2S et une synthèse relative à l’écologie, l’échouage, la chimie et la dégradation des algues sargasses, amène l’Agence à recommander, en complément, de mettre en place dès à présent des mesures pour prévenir le risque d’exposition à des métaux lourds contenus dans les algues, notamment l’arsenic et le cadmium, qui peuvent présenter un risque pour la santé humaine et l’environnement.

Depuis le mois d’août 2014, les Antilles et la Guyane font face à des vagues successives d’échouages d’algues sargasses sur leur littoral. Malgré les moyens de nettoyage mis en œuvre, ces algues se décomposent sur place. Leur décomposition conduit à la production de sulfure d’hydrogène (H2S), parfois détecté à des concentrations élevées. Les signalements de médecins liés aux effets sanitaires ressentis par la population exposée à l’H2S, ainsi que les plaintes du public relatives au problème d’odeurs, ont augmenté de façon notable.

Les ministères chargés de la santé, de l’environnement et du travail ont saisi l’Anses afin qu’elle réalise une expertise relative aux émanations dans l’air ambiant des algues sargasses en décomposition aux Antilles et en Guyane. Un avis publié au mois de mars 2016 présentait les premières conclusions et recommandations de l’Agence. Elle insistait sur la nécessité de ramasser sans attendre les algues échouées et recommandait que des mesures soient mises en œuvre pour protéger les travailleurs chargés du ramassage, du transport et du traitement des algues. Elle recommandait également que la population soit informée que les algues ne doivent pas être manipulées.

L’Agence a poursuivi ce travail en investiguant l’écologie des algues sargasses, leur chimie, leur biodégradation ainsi que la cinétique des émissions d’H2S et d’autres substances, en particulier lors de la décomposition de ces algues après échouage.

Les recommandations de l’Agence

Les conclusions de l’expertise publiée ce jour amènent l’Agence à réitérer ses recommandations à mettre en œuvre concernant les mesures de prévention des risques sanitaires liés à l’exposition au H2S :

  • limiter l’exposition du public, notamment en ramassant régulièrement les algues échouées sur le littoral, en balisant les chantiers de ramassage et en informant la population des risques sanitaires liés à l’exposition au H2S ;
  • limiter l’exposition des travailleurs, notamment par le port de détecteurs d’H2S, le recours à des moyens mécaniques pour le ramassage autant que possible, le port d’équipements de protection individuelle, la formation et l’information des travailleurs sur les risques liés à l’exposition au H2S et la mise en place d’une traçabilité des travaux exposants.

Par ailleurs, l’expertise publiée ce jour met en évidence que les algues sargasses ont une forte capacité à piéger et accumuler les métaux lourds, notamment l’arsenic et le cadmium, qui peuvent présenter un risque pour la santé humaine et l’environnement. Ainsi, l’Agence recommande de proscrire l’utilisation éventuelle de ces algues pour l’alimentation humaine ou animale, dans l’attente de la réalisation d’études plus approfondies sur la contamination des algues par les métaux lourds.

L’Agence recommande également de poursuivre les recherches sur :

  • l’exposition liée aux situations d’échouage d’algues sargasses et les effets sur la santé humaine ;
  • la toxicité du H2S et plus particulièrement sur les effets d’une exposition chronique à de faibles doses de H2S ;
  • les impacts environnementaux et sanitaires indirects liés à l’échouage d’algues sargasses (composition des algues, présence de métaux lourds) ;
  • la prolifération et le phénomène d’échouage d’algues dans les départements français d’Amérique.

Source : https://www.anses.fr

PDF du rapport complet de l’anse Mars 2017